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Le numérique : une économie réellement solidaire

OuiShareBlablacar, AirBnb, LeBonCoin, OuiShare, … l’économie numérique bouscule les acteurs et marchés de l’économie traditionnelle.

Par exemple, les utilisateurs de BlaBlaCar avec 600 000 voyageurs par mois correspondent à 5% des voyages vendus par la SNCF. Airbnb avec plus de 1 million de nuitées vendues en France, présent dans 34 000 villes dans le monde et plus de 1 million de logements est le premier acteur de la location saisonnière.

Les succès économiques, techniques ou médiatiques de ces nouvelles entreprises et des services proposés inquiètent parfois les pouvoirs publics et les structures en place.

– Pourtant, bien souvent, les modèles et les usages s’avèrent plus solidaires et « sociaux » que l’économie traditionnelle ;

– Tenter de freiner l’essor de ces nouvelles solutions en lui imposant des contraintes supplémentaires est voué à l’échec. Les 15 minutes imposées à Uber pour une réservation de voiture en est l’exemple caractéristique. L’imagination des créateurs de service ira toujours plus vite que la législation et de nouveaux services apparaîtront mettant en danger les acteurs qui n’ont pas su s’adapter ou évoluer.

La seule approche pertinente est de favoriser leur développement tout en aidant « l’ancienne économie » à évoluer et à s’adapter aux nouveaux usages.

Enjeu et paradoxe

L’économie numérique du partage innerve tous les secteurs tels que les transports, le logement (saisonnier, vacance ou professionnel), l’art, la culture mais aussi la santé et l’éducation. Toutefois, la plupart des grands groupes offrant des services numériques payants (donc avec un modèle « traditionnel ») proposent aussi des services à faible coût voire gratuits.

Ainsi, la Kahn Academy, par exemple, ou de nombreuses associations permettent de bénéficier de formations totalement gratuites. Mais HEC, Harvard ainsi que d’autres écoles prestigieuses dispensent des cours gratuits via les MOOC mettant à disposition de tous des contenus de qualité.

Les acteurs traditionnels de la location ou du tourisme sont dépassés par les modèles de particulier à particulier. Les sites Airbnb ou Abritel sont plébiscités par les particuliers mais aussi par des professionnels en déplacement. Ce ne sont pas les tentatives de contraintes ou des taxes qui favoriseront les acteurs classiques mais une évolution de leurs modèles économiques.

Le transport traditionnel est pris de cours par des plate-formes efficaces mettant en contact des particuliers. Le covoiturage est ainsi un succès important des services liés à ces nouveaux acteurs tels que BlaBlaCar, iDVROOM, etc… Cet essor a contraint AVIS à investir 500 millions d’euros dans ZipCar, le leader américain de « l’auto-partage ».

Le crowdfunding apporte à des structures, que le secteur bancaire ne finance pas, les moyens de se développer et de se passer de modèles économiques totalement dépassés en termes de réactivité et de vision. 152 millions d’euros ont été collectés en 2014. Les banques initialement hostiles sont contraintes de s’associer aux acteurs du crowdfunding et des grands groupes de « l’ancienne économie » sont aussi financés par ce moyen.

Ainsi, pour ne pas disparaître, au-delà de quelques tentatives de lobbying pour limiter les impacts des nouveaux arrivants les acteurs de l’ancienne économie sont contraints de financer l’économie du partage pour survivre !

En outre, cette économie numérique du partage adresse des secteurs qui, précédemment, relevaient en tout ou partie de l’Etat (santé, culture, éducation, art) ou d’acteurs privés avec des modèles de distribution très fermés.

Cette économie, tout en levant des fonds importants sur le marché, apporte des services avec un modèle de distribution ouvert, humain loin des anciennes approches prédatrices. Paradoxalement, le marché finance donc des services proposés gratuitement ou à bas prix !

Au-delà de ces services basés sur des modèles de partage, la plus grande partie des entreprises numériques offre des solutions de base gratuite sur modèle dit du freemium/premium. Là aussi, les plus fortunés ou ceux qui ont besoin d’un service plus sophistiqués financent ceux qui ne peuvent pas s’offrir une solution onéreuse. Les plus riches payent pour les moins riches permettant à chacun de disposer du service qui lui convient le mieux.

Les propositions

L’économie du partage est un atout pour le développement économique. Il est souhaitable de la favoriser (comme la France l’a fait avec le crowdfunding), de lui donner un cadre législatif souple qui permette son essor, de faciliter les modèles du numérique solidaire. Cette économie balaye les anciens modèles, où le seul enjeu est le profit.

Si les fondateurs de start-up numériques rêvent sans doute de devenir millionnaires, ils collectent généralement d’abord des fonds sur le marché, la bourse, et développent ensuite des services peu chers, accessibles à tous, voire gratuits.

De même, les sociétés de l’économie numérique proposant des services sur le modèle gratuit/payant apportent aussi des solutions généralement favorables pour le pouvoir d’achat des particuliers ou pour les dépenses des entreprises. Il est donc souhaitable d’aider les « anciens » acteurs à évoluer pour s’adapter ou intégrer ces nouveaux marchés plutôt que chercher à limiter ou contraindre les nouveaux entrants.

Enfin, en facilitant l’économie numérique du partage, les pouvoirs publics verraient alors des services gratuits ou à faible coût émerger, financés par les marchés, définissant ainsi un cercle vertueux pour l’essor d’une économie au service du plus grand nombre !