Lundi 13 juin, Microsoft a annoncé le rachat de LinkedIn, premier réseau social professionnel mondial. Le rachat est annoncé à 26 milliards de dollars.
Cette acquisition a suscité la surprise et des interrogations sur les motivations. Un hashtag est d’ailleurs rapidement apparu sur les réseaux sociaux pour marquer la défiance des internautes vis à vis de cet achat : #LinkedOut. Si certains médias l’ont évoqué, il reste pour l’instant marginal dans les tendances et ne devrait pas beaucoup inquiéter Microsoft.
Analyse du #LinkedOut sur Tweetchup
Pour autant, les récentes acquisitions de Microsoft n’ont pas été un franc succès :
- celle de Nokia n’a eu aucun impact,
- pour Yammer, le réseau n’a pas bénéficié de plus de notoriété et n’a pas gagné en visibilité (et c’est dommage car c’était un bel outil)
- avec Skype, la situation n’a pas évolué notablement. La migration Lync – Skype for business n’a pas entraîné les foules.
De fait, Microsoft a un peu loupé le virage de la mobilité, sa part de marché Windows Phone et tablette étant loin de Android et iOS, n’a pas réussi à se positionner dans les réseaux sociaux (malgré Yammer) et n’a pas su conservé son public Messenger (donc remplacé par Skype).
Avec LinkedIn, l’entreprise de Redmond aura-t-elle plus de succès ? Il semble (au regard des annonces) qu’il ne soit prévu de changer en profondeur le modèle actuel de LinkedIn. Le réseau capital 430 millions d’utilisateurs (ce qui fait une valorisation à 60 dollars le CV sur LinkedIn). Les craintes que Microsoft aille piocher des informations dans LinkedIn sont paradoxales puisque, par définition, LinkedIn est une base de CV ouverts à tous. Donc il n’y a pas d’infos cachées (à part les mots de passe et les CB) dans le réseau.
En revanche, l’accès à la base de données peut permettre à Microsoft de disposer d’analyse de tendances du marché : mouvements entre entreprises, produits cités, technologies émergentes, etc… L’application de programmes de « Datamining » à une telle peut sans doute donner à son propriétaire des informations intéressantes.
Par ailleurs, Microsoft se dote avec LinkedIn d’une plateforme de formation en ligne. Alors que les MOOC sont de plus en plus utilisés en entreprise, Microsoft n’a pas construit d’offre spécifique et a signé un partenariat avec EdX. LinkedIn apporte Lynda dans la transaction, un acteur important de la formation en ligne, ainsi que Video2Brain (qui propose des formations Web, créatives, marketing, etc…).
LinkedIn a, de plus, une réelle culture mobile. Ses applications sont déclinées sur tablettes et smartphone depuis plusieurs années, les outils de formation (Lynda, Video2brain) sont disponibles sur plateformes mobiles. Microsoft a clairement du mal dans ce domaine mais ce n’est sans doute plus un problème culturel à présent.
Microsoft dispose donc maintenant de solutions, acquises au prix fort, qui lui faisaient défaut et d’une base de données solide. Pour autant, rien ne prouve que le mariage fonctionne. Seul LinkedIn semble y gagner. Son modèle économique commençait à s’essouffler et l’arrivée d’un actionnaire de poids peut permettre de le relancer. Avec 430 millions de CV, l’entreprise semblait avoir atteint un plateau et les nouveaux recrutements n’apportaient de nouveaux revenus. Une meilleure intégration aux solutions Microsoft peut-elle apporter une plus grande visibilité et de nouvelles sources de revenus ?…
(Image à la une : Video2brain)