L’étude de Bpifrance Le Lab de septembre 2017 pointe cruellement le retard pris par les dirigeants français de PME et ETI en matière de transformation numérique de leur entreprise. Plus de 1800 patrons ont été interrogés. Pour 87% d’entre eux, l’intégration du numérique dans leur entreprise n’est pas une priorité stratégique, 63% n’ont donc pas établi de feuille de route. 47% considèrent que l’impact du numérique ne sera pas majeur pour leur société avant cinq ans. 60% ne collectent pas les données clients et a fortiori ne les utilisent pas pour améliorer leur offre ou la relation client. Le travail en mode projet reste oublié de 61% des dirigeants.
Ce panorama des comportements a permis à Bpifrance de classer les dirigeants en trois groupes :
– les sceptiques : 38%. Ils restent concentrés sur leur marché traditionnel et n’ont pas réussi à dépasser la barrière liée à la transformation numérique.
– les apprentis : 52%. Ils sont conscients de la nécessité de se transformer mais peinent à mettre en place la démarche.
– les conquérants : 10%. Ils ont une vision de la transformation digitale de leur entreprise et ont mis en place une feuille de route. Leur principale difficulté est de la faire partager en interne.
Pour justifier leur retard, les dirigeants évoquent la complexité du sujet à 34%, le manque de compétences en interne à 32%, le manque de moyens financiers et les résistances au changement en interne à 28%.
Cette étude est à rapprocher d’un sondage réalisé par BVA pour villa Numéris fin septembre 2017 sur les salariés et la transformation digitale. A l’instar de leurs dirigeants, les salariés des PME sont 58% à considérer que leur entreprise n’est pas active en matière de transformation digitale et ne dispose pas des équipements nécessaires.
Cependant, cette étude reste proche de la très connue courbe de Gauss sur le « franchissement du fossé » dans l’adoption des nouvelles technologies. Il y a, dans cette analyse qui remonte déjà à de nombreuses années (Livre de Geoffrey Moore de 1991 !), le constat qu’une quinzaine de % d’utilisateurs qui adoptent une technologie considérée comme nouvelle (encore que pour le numérique, la nouveauté pose question 🙂 ), alors que les autres se répartissent en 68% qui mettent un peu de temps et 16% qui sont de réels retardataires.
Une explication est peut-être aussi à trouver dans un étude du cabinet Roland Berger publiée en janvier 2017 : Etat des lieux numérique de la France, notre pays face à la nouvelle donne numérique. 42% des entreprises peinent à recruter des compétences numériques contre 38% en Europe. La Dares estime à 50 000 le nombre d’emplois non pourvus en la matière. Recruter un développeur relève du parcours du combattant (et j’en sais quelque chose ;)). L’éducation aussi, laisse à désirer. La France a attendu 2016 pour introduire un apprentissage du code dans les programmes scolaires. En 2015, seuls 21% des enseignants avaient suivi une formation au numérique. Enfin, en France, 80 personnes environ se consacreraient à sa transformation numérique de l’Etat, contre 500 au Royaume-Uni…. Mais cela pourrait changer très rapidement…
(Images Pixabay et humanizing.tech)