Deux enquêtes de l’Observatoire des politiques publiques réalisées par l’IFOP et publiées coup sur coup pour Acteurs Publics et Ernst & Young laissent pensifs sur le jugement que portent à la fois administrés et agents sur le niveau d’innovation et de transformation de l’Etat.
Dans un cas à peine trois Français sur dix jugent l’Etat innovant et dans l’autre ce sont les agents qui sont plus d’un tiers à considérer que la France est en retard.
L’étude la plus récente, publiée le 17 mai, met en évidence le retard ressenti par les agents publics en matière de transformation numérique de leur employeur. Pour 37 % d’entre eux la France est en retard, contre 9 % qui la jugent en avance. En cause selon eux, le manque de moyens dédiés à cette transformation, qu’il s’agisse d’outils ou d’investissements, le manque de formation ou encore la résistance au changement. Par ailleurs, les dangers de la transformation numérique sont également considérés comme un frein, qu’il s’agisse de cybersécurité pour 41 % des répondants ou de protection des données pour 34 %.
La précédente étude, publiée le 3 mai, s’attarde sur le décalage entre le discours du « tout numérique » revendiqué par l’Etat et la perception qu’en ont les citoyens. En effet, ces derniers considèrent à 69 % que l’Etat n’est pas innovant en termes de fonctionnement de l’administration et de mise en oeuvre des politiques publiques. Seules les finances publiques et l’écologie tirent leur épingle du jeu avec respectivement 34 % et 30 % des répondants les qualifiant d’innovant, la justice et l’agriculture fermant la marche avec 9 % et 7 %. L’obligation de déclarer ses impôts en ligne semble donc bien avoir la faveur des Français.
En matière d’institution, les grands métropoles sont jugées comme innovantes par 37 % des Français et le gouvernement, ce qui est assez paradoxal, par 31 % d’entre eux. En queue de peloton nous retrouvons la Sécurité sociale (13 %), ce qui est relativement injuste si on pense à la révolution que représente la télétransmission en termes de délai de remboursement et de simplification des démarches, le Sénat (11 %) qui, il faut le reconnaître ne brille pas par son image de modernité, et les ministères centraux avec 10 %.
Il y a donc encore un peu de travail pour que le ressenti en matière d’innovation dépasse le tiers des sondés. Le problème est que les technologies évoluent souvent plus rapidement que la capacité de leur adoption par l’État. Donc le décalage risque de durer encore quelques temps.