A tel point que le Premier ministre, Edouard Philippe, s’est senti obligé de clarifier les règles à suivre en la matière pour les administrations avec la publication le 21 novembre 2017 d’une circulaire relative aux règles de féminisation et de rédaction des textes publiés au Journal officiel.
Tout en confirmant l’engagement de l’Etat de renforcer l’égalité entre hommes et femmes (et vice versa), le Premier ministre précise que « le masculin est une forme neutre qu’il convient d’utiliser pour les termes susceptibles de s’appliquer aussi bien aux femmes qu’aux hommes » et que « les administrations relevant de l’Etat doivent se conformer aux règles grammaticales et syntaxiques, notamment pour des raisons d’intelligibilité et de clarté de la norme. » Il recommande néanmoins la féminisation des fonctions tenues par des femmes et le recours à la double formulation en matière de recrutement avec la mention « le candidat ou la candidate ».
Avec cette nouvelle polémique sur l’usage de l’écriture inclusive, Edouard Philippe se réfère au Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions publié en… 1999, par l’Institut national de la langue française, sous la direction de Bernard Cerquiglini, à la demande de Lionel Jospin, alors Premier ministre.
Nous y apprenons que jusqu’au XVIè siècle la féminisation des fonctions allait de soi et que le latin l’intégrait naturellement avec l’alternance des suffixes masculins et féminins. La situation se gâte à partir du XIXè siècle. La féminisation des fonctions devient péjorative. Les avocates et les banquières sont les femmes des avocats et des banquiers. Il faut attendre le XXè siècle pour qu’elles retrouvent leur fonction.
Pour rappel, l’écriture inclusive consiste à éviter toute discrimination par le langage ou l’écriture. En pratique, les principales règles sont les suivantes :
- accorder les noms de métiers et de fonctions au sexe de la personne qui l’occupe ;
- utiliser des expressions non sexuées, comme « les droits humains » ;
- utiliser les deux formes grammaticales, à savoir faire figurer les deux formes comme « elles et ils partent en vacances », ou utiliser à l’écrit une forme liée par un point, un tiret, une barre oblique, etc. comme « ami·e » « participant/e »;
- accorder le verbe avec le sujet le plus proche « Le garçon et la fille sont parties se promener » mais aussi « la fille et le garçon sont partis se promener ».
Pour les textes officiels et administratifs, la décision du gouvernement rassure : ils seront donc plus faciles à comprendre en toutes circonstances !