Dans un rapport d’information publié il y a quelques semaines, M. Claude DE GANAY, député et Mme Dominique GILLOT, sénatrice, affirme (à juste titre) que » l’intelligence artificielle représente une chance à saisir pour nos sociétés et nos économies ».
Ce rapport dresse un panorama assez complet de l’histoire de l’IA qui permet de se rendre compte qu’il y a de vrais fondements aux résultats médiatisés aujourd’hui (les passages sur Prolog sont un peu succincts et réducteurs alors qu’il y a -eu- énormément de travaux autour de ce langage et ses évolutions. Le traitement de la programmation par contraintes est trop rapidement évoqué alors que de nombreux algorithmes ont démontré leur efficacité. Enfin, les recherche impliquant des algorithmes de recherche opérationnelle sont tout juste citées).
Les auteurs concentrent une large partie de leur étude sur les algorithmes d’auto-apprentissage et de Deep Learning. Yann LeCun est donc (légitimement) plusieurs fois évoqué pour ses travaux dans ce domaine. Il est crédité de la mise en oeuvre des réseaux multi-couches en 1986 mais dans la pratique, ses travaux sont antérieurs (voir mon autre article sur ce sujet).
Les aspects techniques ne sont évidemment pas les seuls angles d’analyse de ce document qui examine aussi les enjeux et les risques (les 3 lois d’Asimov sont bien entendu prises en compte puisqu’elles sont à la base de tout étude sérieuse sur la robotique 🙂 ). La dimension éthique et le transhumanisme sont abordés. Face à « la crainte d’une intelligence artificielle qui échapperait au contrôle de l’homme est une des angoisses majeures devant l’essor de ces technologies », les auteurs citent Yann LeCun : » pourquoi croire à un moment de rupture où les machines seront supérieures à l’homme ? Elles vont simplement devenir de plus en plus intelligentes et de plus en plus faciles à utiliser. Cela amplifiera notre propre intelligence ! (…) beaucoup des scénarios catastrophes (en intelligence artificielle) sont élaborés par des personnes qui ne connaissent pas les limites actuelles du domaine. Or les spécialistes disent qu’ils sont loin de la réalité… »
Le rapport se prononce enfin pour » une intelligence artificielle maîtrisée, utile et démystifiée : maîtrisée, parce que ces technologies devront être les plus sûres, les plus transparentes et les plus justes possibles ; utile parce qu’elles doivent, dans le respect des valeurs humanistes, profiter à tous au terme d’un large débat public ; démystifiée, enfin, parce que les difficultés d’acceptabilité sociale de l’intelligence artificielle résultent largement de visions catastrophistes sans fondement. » et formule 15 propositions dont la 15ème qui est essentielle : « Être vigilant sur les usages spectaculaires et alarmistes du concept d’intelligence artificielle et de représentations des robots. »
Pour lire le rapport dans son intégralité rapportIASénat
Pour lire la synthèse rapportSenatIA-syn
(Image Pixabay)