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Disquettes 5 pouces 1/4

Souvenirs – 1985 Système d’exploitation multi-tâches…

Concurrent CP/M - L. Cervoni M. Couprie
Concurrent CP/M – L. Cervoni M. Couprie

A l’occasion d’une séance de rangement, je retrouve un exemplaire de « CP/M 86, Concurrent CP/M, Concurrent PC-DOS », ouvrage que j’ai co-écrit avec Michel Couprie en 1985.

Au début des années 80, l’informatique n’est pas encore « for the rest of us » comme va l’annoncer un slogan publicitaire en 84 (ce sera l’argument du Mac).

Le processeur le plus performant est encore sans doute le Z80 et le système d’exploitation (pour micro-ordinateur) le plus efficace est certainement CP/M (de Digital Research). Il fonctionne sur Z80 (société Zilog) et sur 8080 ou 8085 (Intel). Mais Gary Kildall, le fondateur de Digital Research, a commis une erreur en ne trouvant pas un accord avec IBM qui voulant lancer son IBM-PC et qui cherchait un système d’exploitation. A l’époque, pour IBM, l’informatique se conçoit sous forme d’armoires avec des bandes (comme dans les films) et le monde de la micro-informatique est balbutiant. Bill Gates qui pensait ne fournir que son BASIC (langage de programmation – pour les jeunes lecteurs qui ne connaissent que PHP ou node.js) se voit proposer de fournir un OS pour ordinateur. Il va donc revendre, à partir de 1981, ce qui sera MS-DOS ou PC-DOS.

Néanmoins, CP/M a défini tous les fondamentaux d’un OS pour ordinateur personnel (l’interface utilisateur en moins !). Digital Research met à jour son CP/M pour l’adapter aux nouveaux processeurs dont le 8086, notamment. En effet, la première carte mère commercialisée par Seattle Computer (fin 1979) n’a pas d’OS pour l’exploiter. DR lance donc CP/M 86.

La société dispose vraisemblablement du SE le plus fiable et le plus rapide. Elle décide donc de tenter de conserver son avance avec la réalisation de Concurrent CP/M. Cette évolution de l’OS est une vraie innovation puisque le multi-tâche devient possible sur un micro-ordinateur. A cette époque, le système d’exploitation tient sur une disquette 5 pouces1/4 et la mémoire d’un ordinateur est de quelques 512 kilos octets… (oui oui) Le disque dur n’est pas en standard 🙂

Concurrent CP/M permet d’exécuter 4 programmes simultanément et c’est spectaculaire. Mais la machine Microsoft est en route et les tentatives de Digital Research seront vaines. Elle est donc contrainte d’imaginer un successeur à CPM et s’adapte aux IBM-PC avec Concurrent PC-DOS.

Quand on regarde ce système, avec le recul, c’est un travail remarquable : il émule IBM-PC-DOS (MS-DOS donc), supporte les applications CP/M et Concurrent CP/M, il est multi-tâche et multi-utilisateurs. Il peut exécuter simultanément Lotus 123 (tableur pour MSDOS) et DREDIX (éditeur pleine page de DR).

A cette époque par l’intermédiaire de Roland Dubois (association pour la promotion des technologies innovantes – ASPROM), je fais connaissance avec le conseiller éditorial des éditions Eyrolles, M. Jean-Pierre Tissier (qui deviendra ensuite le DG jusqu’à son décès en 2008). JP Tissier me propose de rédiger un livre sur cette génération de systèmes d’exploitation. Nous sommes au milieu de l’année 1985, je termine mes études à l’ESIEE et avec Michel Couprie, nous relevons le défi.

Eyrolles nous commande donc le contenu et la mise en page (chaque page livrée mise en forme est payée en plus ce qui est pour un étudiant particulièrement intéressant).

Le livre est imprimé en juillet 1985. Il est distribué dans toutes les bonnes librairies de France.

Cependant, MS-DOS en est déjà à sa version 3 et Digital Research malgré sa solide base technologique ne peut pas rivaliser avec Microsoft qui est présent sur tous les IBM PC et équivalents.

En outre, le système d’exploitation de DR est proposé en option à 240$ alors que MS-DOS est à 40$. Les utilisateurs tranchent rapidement. Concurrent DOS ne renverse pas la tendance.

Enfin, les utilisateurs commencent à s’intéresser à de nouveaux concepts d’interface plus aboutis que la ligne de commande des DOS classiques.

Bref, 1985 marque la fin des systèmes d’exploitation sans interface graphique. Il se vendra quelques centaines d’exemplaires du livre, je crois. Et il en reste d’occasion sur Internet ! La page 184 a tout particulièrement été considérée comme utile car elle contient une table des codes ASCII 😀

Mais Eyrolles a bien aimé le travail réalisé et va nous commander un second livre (d’où un autre billet Souvenirs à venir).

Références : https://www.digitalresearch.biz ,  Wikipédia et bien sûr, l’excellent ouvrage évoqué dans ce billet