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Amazon du e-commerce au cinéma (mis à jour)

Le concept de marché de la convergence est né dès les années 90 avec, notamment, l’émergence d’Internet pour caractériser le rapprochement des acteurs du numérique (mais on utilisait peu ce terme en ces temps reculés mais on disait uniquement « informatique » et autoroute de l’information pour Internet…) et des métiers plus traditionnels (presse, audio, vidéo, etc…).

schéma convergence

Modélisation du marché de la convergence (1997 – 2005)

Avec la généralisation du (très) haut débit, donc de l’accès à Internet, de la dématérialisation des données, de l’augmentation des capacités de stockage et de traitements des données à coûts réduits, ce marché a poursuivi son évolution en intégrant de nouveaux acteurs et notamment des « pure players » (acteurs issus uniquement du numérique). J’aurais l’occasion de revenir sur ce processus (dans une autre note), dont le schéma ci-dessus montre la continuité depuis 1997.
Amazon est un des acteurs majeurs de cette convergence des métiers et des plateformes. Évidemment connu pour sa plateforme de commerce en ligne, Amazon est une structure multi services : livres numériques, musique en ligne, stockage, hébergement, intermédiation de services dématérialisés etc…
Les récentes annonces d’Amazon confirme sa volonté de jouer un rôle essentiel dans la musique et le cinéma.
En effet, la presse fait état du lancement prochain d’un service de streaming en ligne pour compléter son offre produit. Ainsi la société envisage de proposer un service similaire à celui de Spotify ou de Apple Music s’appuyant, le cas échéant, sur son enceinte Echo, disposant d’un module de reconnaissance vocale.
Amazon était déjà connu par les professionnels du cinéma pour ses capacités de stockage (Amazon Glacier, , espace de stockage de fichiers volumineux à faible coût souvent utilisé pour les « fichiers masters » des films), son réseau de diffusion (Amazon CDN).
En mai dernier, la société a ouvert sa plateforme de video en France destinée à concurrencer des offres comme Netflix ou Canal Play se positionnant ainsi tant du côté des professionnels avec les services décrits ci-dessus et que du côté grand public.
A Cannes, les ambitions étaient aussi clairement affichées avec 5 films produits :
  • Cafe Society de Woody Allen (film d’ouverture)
  • Paterson et Gimme danger de Jim Jarmusch
  • The Handmaiden de Park Chan-wook
  • The Neon Demon de Nicolas Winding Refn

Cependant, ce positionnement ne devrait pas être une surprise car Amazon  tisse sa toile depuis quelques années déjà autour des contenus en ligne, par exemple, en gérant la base de données de référence des acteurs/réalisateurs/scénaristes/films : Internet Movie Database (IMDb). IMdb, achetée en 1998 par Amazon, est la plus grosse base de données collaborative du monde, avec des informations sur plus 3 800 00 œuvres visuelles et plus de 7,2 millions de personnes.

En complément,  Withoutabox est un service,racheté par IMDb (donc Amazon) en 2008, à destination des réalisateurs indépendants qui souhaitent diffuser leurs films parmi les 3000 festivals recensés. Amazon Studios, autre brique de l’édifice, est une plateforme qui étudie les scripts qui lui sont soumis (avec un service de rédaction de scripts) et Amazon Video Direct (lancé le 10 mai 2016) permet de diffuser des contenus en « monétisant » leur distribution.

Avec un tel écosystème, l’entreprise de e-commerce est, à l’évidence, un concurrent de Netflix mais va au-delà en cherchant à attirer les acteurs établis du cinéma via son activité de production, à dénicher les nouveaux talents (Studio et VideoDirect) tout en proposant les services essentiels pour les grands studios existants (CDN et Stockage).

Si on examine la totalité des activités d’Amazon, il ressort que pratiquement tous les secteurs évoqués sur le schéma de la convergence sont présentes. La volonté de maîtriser la totalité du spectre du monde du cinéma est indéniable…

Pour les livres, la musique et le cinéma, Amazon maîtrise donc l’ensemble des chaînes édition-réalisation-production-stockage-diffusion-distribution.

Il y a matière à réflexion car aucune entreprise française ni même européenne n’a une telle envergure dans le domaine culturel. Cette puissance interroge sur les raisons pour lesquelles l’Europe ne sait pas produire de telles entreprises avec une vision aussi claire sur la façon d’aborder le marché de la convergence numérique.